L'église: le cimetière des dons spirituels?

Supposons que je vous dise aujourd’hui que vous avez un fort potentiel pour devenir pilote de ligne, comment celui-ci pourra-t-il s’exprimer si vous ne montez jamais à bord d’un avion ? Le poisson, comparé au singe, possède des nageoires et tout ce qui lui permettra de se déplacer dans l’eau. Mais le potentiel du poisson ne peut se déployer que dans l’eau, et hors de l’eau ce potentiel lui est complètement inutile.

Einstein dit : « …si vous jugez un poisson sur ses capacités à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu'il est stupide.» Une aptitude pour se développer, a besoin d’un certain contexte. Un poisson qui est évalué hors de l’eau sera toujours jugé incapable. Tous, en tant que créatures de Dieu, possèdent des aptitudes, qui ne peuvent s’exprimer que dans un certain contexte. Il s’agit ici des dons naturels. Tous ceux qui ont reçu Christ à partir du moment où ils sont baptisés de son Saint-Esprit voient se manifester dans leur vie des dons spirituels. De même que les dons naturels, les dons spirituels ont besoin d’un contexte pour se déployer. Quel est ce contexte ? Lisons cette histoire.

« Il en sera comme d'un homme qui, partant pour un voyage, appela ses serviteurs, et leur remit ses biens. Il donna cinq talents à l'un, deux à l'autre, et un au troisième, à chacun selon sa capacité, et il partit. Aussitôt celui qui avait reçu les cinq talents s'en alla, les fit valoir, et il gagna cinq autres talents. De même, celui qui avait reçu les deux talents en gagna deux autres. Celui qui n'en avait reçu qu'un alla faire un creux dans la terre, et cacha l'argent de son maître. » (Matthieu 25.14-18)

Un homme, partant en voyage laisse des talents à ses serviteurs. Cette histoire présente Jésus-Christ. Il est parti en voyage, car il s’en est allé aux Cieux. Mais de même qu’il est parti, ainsi il reviendra.  Ce Jésus qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, en redescendra un jour de la même manière que vous l'avez vu y monter. (Actes 1.11) Mais au moment où il s’en allait, il n’a pas laissé ses disciples orphelins. Il leur a demandé de rester à Jérusalem jusqu’à ce qu’ils soient revêtus de la puissance d’en haut. Il leur a envoyé le Saint-Esprit, qui se manifeste en tous selon sa liberté, au travers des dons spirituels, qui sont ici les talents. De la même manière qu’Elie lorsqu’il s’en allait a laissé à Elisée une double portion de sorte que l’on dit : « l’Esprit d’Elie repose maintenant sur Elisée » (2 Rois 2), le Seigneur a laissé à ceux qui le servent des dons spirituels qui permettront la manifestation de sa puissance et d’être ses témoins, ceux par qui ceux qui n’avaient pas encore vu pourront le voir agir, selon qu’il est écrit : Ceux à qui l’on n’avait rien dit de lui le verront, et ceux qui n’avaient pas entendu parler de lui comprendront. (Romains 15.21)

Le talent est confié selon les capacités de celui qui le reçoit. Le talent implique une responsabilité. En effet, si j’ai beaucoup reçu je devrais aussi beaucoup produire. Mais comme cet homme qui alla faire un creux dans la terre pour cacher son talent, l’église n’exprime pas aujourd’hui la plénitude des dons spirituels et le revêtement qu’elle a reçu. Beaucoup de talents sont enterrés. Deux attitudes sont à adopter afin que le talent ne se trouve pas enterré.

      1. Reconnaître le talent reçu

« Celui qui avait reçu les deux talents s'approcha aussi, et il dit : Seigneur, tu m'as remis deux talents ; voici, j'en ai gagné deux autres. (..) Celui qui n'avait reçu qu'un talent s'approcha ensuite, et il dit : Seigneur, (…) j'ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre ; voici, prends ce qui est à toi. »  (Matthieu 25.23-25)

Alors que les deux autres disent : « Maître tu m’as remis cinq talents », « Maître tu m’en as remis deux », le dernier s’écrie : « Je suis allé cacher ton talent », « prends ce qui est à toi. » Il avait certes reçu le talent, mais il ne l’avait pas reconnu comme tel. Les premiers n’ont pas dit : « Reprends tes cinq talents », mais « tu m’as remis cinq talents » Il est important pour vous de reconnaître que le Christ vous a remis des talents et de distinguer les talents qu’il vous a donnés.
 

     2. Faire fructifier le talent reçu

Lorsque le talent est reconnu, il faut demander au Seigneur le contexte où il doit s’exprimer. Les talents n’ont pas été faits pour être enterrés. Des chrétiens passent du temps à demander au Seigneur plus de puissance alors qu’ils en ont déjà reçu, mais ne la manifestent pas. On rencontre dans des églises des personnes qui ont le don d’enseignement mais qui n’ouvrent jamais la bouche. Comment le don s’exprimera-t-il ou sera-t-il fructifié, alors que le Seigneur a dit lui-même : « Ouvre ta bouche, et je la remplirai» ? (Psaume 81.11) Il faut non seulement que celui qui a reçu le talent le laisse s’exprimer, mais qu’il mette aussi en place un contexte pour le faire fructifier. Un musicien s’inscrit à une école de musique pour développer le don. Développer un don spirituel implique de s’asseoir à une école, auprès de professeurs, pour être bâti. Il faut non seulement laisser le don s’exprimer, s’inscrire à une école, mais aussi de favoriser des circonstances où il pourra s’exprimer, tel un poisson qui se dirige vers les courants d’eau. Tout ceci afin de l’entretenir, le raviver, de faire exploser la capacité reçue de Dieu.

Le Seigneur a donné un revêtement incroyable à l’église, qui est son corps. Elle n’est pas appelée à être le cimetière de dons spirituels qu’elle est aujourd’hui mais l’expression dans la pleine puissance de Dieu des dons reçus, à l’exemple de nos prédécesseurs.