Le chrétien : homme des cavernes ? (Part 3/3)

« Puis Moïse dit à Aaron : Prends vite ton encensoir et mets-y des charbons ardents pris sur l’autel, répands-y de l’encens et hâte-toi d’aller vers la communauté, accomplir pour elle un rite d’expiation, car la colère de l’Eternel se déchaîne déjà et le fléau sévit. Aaron fit ce que Moïse lui avait dit : il prit l’encensoir et courut au milieu de l’assemblée. » Nombres 17.11-12

Elie se réfugiant dans une caverne témoignait de l’attitude de l’homme qui veut s’isoler face à des circonstances de sa vie particulièrement difficiles. Akân qui cache don trésor dans son propre champ, c’est ce chrétien qui aujourd’hui cherche à cacher son mauvais trésor et veut le dissimuler aux yeux des autres, en leur donnant une fausse image de lui-même!  Si ni l’attitude d’Elie ni celle d’Akân ne semble être celle qu’il faut adopter, nous sommes dans la même situation que le peuple d’Israël devant la Mer Rouge, dans une impasse, assaillis (par ce dilemme) et apparemment sans issue... Et pourtant !

Une ébauche de réponse avait déjà été donnée dans la partie 1, l’épisode sur l’histoire d’Elie. Alors qu’il était dans la caverne, l’Eternel dit à Elie: «Que fais-tu ici ? Sors de cette caverne et tiens-toi  sur la montagne, devant l’Eternel. » [1]
Alors que l’homme recherchait la caverne, l’Eternel l’a appelé sur la montagne. Alors que l’homme ne voulait sûrement plus s’approcher de Dieu, Dieu l’a encouragé à venir dans Sa sainte présence. Alors que l’homme recherche l’isolement, Dieu l’appelle à la prière, à la méditation, à se tenir devant lui. Oui, le moment d’intimité avec Dieu et ses innombrables richesses ! La communion personnelle avec Dieu et le moment où les ossements desséchés reprennent vie !

Ce point est très important. En effet, il est des personnes lorsqu’elles traversent des moments difficiles, s’empressent de prendre leur téléphone pour appeler un frère/une sœur et leur exposer leur problème. C’est à se demander si ces personnes n’ont plus de communion personnelle avec Dieu, c’est à se demander si le voile par Christ a réellement été déchiré pour elles, afin que par la foi en Jésus-Christ, elles puissent, en tous lieux, par des prières et des supplications, s’approcher de Dieu avec une pleine assurance ! [2]

Prenons par exemple le passage plus haut qui nous parle d’un fléau qui a frappé le peuple et qui se propage parmi eux. En réponse à cela, selon les recommandations de Moïse et afin d’accomplir le rite d’expiation pour la communauté, Aaron prit son encensoir, y mit des charbons ardents pris sur l’autel  et courut au milieu de l’assemblée. [3]

Les charbons ardents pris sur l’autel qui servent à l’expiation pour le péché sont une image de Jésus-Christ, de la même manière que ceux qui sont mentionnés dans le livre d’Esaïe et qui ont purifié le prophète de son iniquité [4] renvoient eux aussi à Christ.

Le message devient alors tout simple. Courir tel Aaron sur l’autel avant de courir au milieu de l’assemblée, c’est donc dans les moments difficiles, les fléaux de ma vie, les douleurs, courir dans la chambre haute avec Dieu seul avant de courir vers un frère, une sœur, une assemblée. Bien des chrétiens aujourd’hui oublient encore que le voile est déchiré. Centrés sur le réconfort que les autres peuvent leur apporter, ils oublient le réconfort qu’ils reçoivent de Dieu lui-même, dans le secret de l’intimité.

Que dirais-je donc ? L’importance des frères et sœurs serait alors nulle et secondaire ? Non, car l’Ecriture nous dit bien ceci : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux. » Matthieu 18.20 Et plus loin : « Confessez vos péchés les uns et les autres et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris. La prière du juste est d’une grande efficacité. » Jacques 5.16

Il ne s’agit donc pas ici d’établir une dimension chronologique entre l’autel et l’assemblée. Car s’il y en a en effet qui oublient l’importance primordiale de l’autel, il y en a aussi qui oublient ce que peut leur apporter l’assemblée, la communion fraternelle, l’église, le corps. Ce sont ceux qui pensent que « tout se joue sur l’autel » , les spirituels indépendants des temps modernes. Pourtant au travers de la communion fraternelle, le chrétien est pleinement édifié. Les passages mentionnés plus haut le montrent bien. C’est pourquoi il doit être enclin à confesser son péché devant ses frères et sœurs autant de fois que le Seigneur pourra le lui demander. il doit être enclin à présenter ses faiblesses et les difficultés qu’il peut rencontrer aux autres autant de fois que le Seigneur voudra l’amener à le faire, sans essayer de raisonner, sans essayer de se trouver une quelconque excuse: « Ce n’est pas le bon moment... Le plus important c’est la communion personnelle. »

 « Si tu viens devant le Seigneur avec ton offrande et que tu as un problème avec ton frère, laisse ton offrande et va d’abord te réconcilier avec ton frère. »  Le Seigneur montre par là que l’unité entre ceux qui posent l’offrande sur l’autel, passe avant l’offrande même qui est déposée. La prière doit monter dans l’unité et la vérité. Si cette parole est difficile à accepter pour vous, vous devez encore vous laisser briser par la parole de Dieu ; car sa parole est un marteau qui brise la roche [5], et bien des fois la première roche que cette parole doit briser, ce ne sont pas les obstacles de notre vie, ce ne sont pas les démons, ce ne sont pas nos proches incrédules, mais c’est nous-mêmes.
 

Sorti de ma caverne et avec toi sur la montagne, Seigneur, je veux en vérité et sincérité t’adresser cette prière :

Ta parole nous dit : «il prit l’encensoir et courut au milieu de l’assemblée. »
Peu importe la situation de « caverne » que je peux vivre aujourd’hui dans un quelconque domaine de ma vie, donne-moi non pas de courir à l’aveuglette dans une assemblée, mais de courir sur l’autel. Toutefois, que je sois sensible à ta voix, afin de me laisser briser par toi pour parler au milieu des frères et sœurs, afin d’avoir ton soutien, tes conseils, ta guérison. Au nom de Jésus !
 

[1]  1 Rois 19.9 & 19.11

[2]  Allusion à Ephésiens 3.12

[3]  Allusion à Nombres 17.12

[4]  Esaïe 6.6

[5]  Jérémie 23.29